Les RegTech : la régulation à l’ère de l’automatisation

We will help a client's problems to develop the products they have with high quality Change the appearance.

Les RegTech : la régulation à l’ère de l’automatisation

Temps de lecture : 10 minutes

KYC, AML, RGPD… Autant d’acronymes que les acteurs financiers n’osent plus ignorer. Derrière ces sigles se cache un impératif : la conformité. C’est justement au cœur de cette complexité réglementaire que les RegTech, ces startups spécialisées dans la réglementation technologique entendent tracer un chemin.

Mais que sont vraiment les RegTech ? Et pourquoi leur rôle devient-il stratégique dans l’architecture financière moderne ? Focus sur un univers où l’algorithme prend le relais des régulateurs traditionnels.


Historiquement, les banques et les assurances ont toujours eu une fonction de conformité. Mais la crise de 2008 a profondément rebattu les cartes : multiplication des sanctions, hausse des exigences réglementaires, et une pression accrue sur les institutions pour prouver leur bonne foi.

C’est dans ce contexte qu’émergent les RegTech : des entreprises technologiques qui utilisent l’intelligence artificielle, le machine learning ou encore la blockchain pour automatiser les processus de conformité. Le but ? Réduire les coûts, minimiser les risques d’erreur, et surtout, gagner en réactivité face à des régulations en perpétuelle évolution.

Au-delà des institutions financières, d’autres secteurs sont concernés. Les compagnies d’assurance, les gestionnaires d’actifs, voire certaines grandes entreprises industrielles, doivent désormais composer avec des obligations de conformité de plus en plus strictes. Les RegTech offrent alors une réponse transverse à un besoin croissant : faire de la conformité un levier stratégique plutôt qu’une charge.


Les RegTech ne se contentent pas de numériser les tâches humaines : elles les réinventent.

Un exemple frappant ? Le KYC (Know Your Customer). Là où un analyste devait manuellement vérifier l’identité d’un client, une solution RegTech peut désormais croiser en temps réel des dizaines de bases de données publiques et privées, détecter les incohérences, voire prédire les risques de fraude grâce à des modèles prédictifs.

De même pour la lutte contre le blanchiment d’argent (AML) : les alertes générées par des systèmes RegTech sont souvent plus précises que celles des outils traditionnels, limitant les faux positifs et facilitant les enquêtes internes. Cela se traduit par une réduction significative des charges de conformité, qui pouvaient auparavant mobiliser des équipes entières à plein temps.


Les RegTech fonctionnent souvent avec des API (des interfaces de connexion) et des outils que l’on peut assembler comme des briques. Plutôt que de tout changer dans les systèmes informatiques déjà en place, elles proposent des solutions modulables : par exemple, des outils pour vérifier les documents, analyser les risques ou surveiller les transactions.

Ce modèle est bien adapté aux nouvelles formes de finance comme le Web3 ou la Finance as a Service, où l’on cherche surtout de la souplesse et des systèmes faciles à adapter. La montée de la finance embarquée (embedded finance) – qui permet d’intégrer des services financiers dans des applications non financières – renforce encore ce besoin d’interfaces simples, interopérables, et évolutives.

Les RegTech peuvent ainsi s’intégrer facilement aux plateformes de paiement, aux néobanques, ou encore aux systèmes de gestion d’entreprise (ERP), rendant la conformité invisible, mais toujours présente.


L’essor des RegTech a créé de nouvelles opportunités pour les cabinets de conseil, qui travaillent à la fois sur la transformation numérique et la gestion des risques. Leur mission ne se limite plus à proposer des outils : ils aident les entreprises à comprendre les règles complexes et à les transformer en solutions concrètes et efficaces.

Mais surtout, le consulting joue un rôle d’interface entre les régulateurs, les équipes IT et les métiers, garantissant une conformité by design plutôt que by default. Cette approche intégrée est d’autant plus cruciale que la réglementation évolue vite, souvent dans des cadres légaux transnationaux (ex. : DORA, MiCA, FATF…).

Certaines grandes entreprises font ainsi appel à des consultants pour construire une cartographie des risques réglementaires et prioriser les investissements technologiques, afin d’anticiper les changements plutôt que de les subir.


Si l’IA est aujourd’hui au cœur des RegTech, la blockchain offre une autre promesse : celle de la traçabilité totale. Imaginez des audits automatisés où chaque opération réglementée est inscrite dans un registre infalsifiable. On parle ici de :

  • KYC mutualisé via blockchain
  • Smart contracts intégrant des règles AML
  • Oracles réglementaires : outils capables de mettre à jour automatiquement les règles d’un smart contract selon les lois en vigueur

C’est le concept de compliance programmable : une régulation inscrite dans le code, exécutée automatiquement, et visible par toutes les parties prenantes.

Bien sûr, ces usages restent émergents, et posent des questions juridiques : qui contrôle le code ? Qui le valide ? Mais ils annoncent une évolution du rôle du régulateur : passant d’un arbitre intervenant après coup à un superviseur actif en temps réel.

La perspective de blockchains publiques ou privées intégrant des modules de régulation natifs pourrait à terme redéfinir l’équilibre entre innovation et encadrement.


Un point crucial : les RegTech ne remplacent pas le régulateur. Elles l’aident. Leurs rôles sont de fournir des outils de transparence, traçabilité et automatisation, mais elles n’émettent ni lois ni sanctions.

Certaines plateformes testent déjà des façons d’intégrer les règles directement dans le code des smart contracts, dès leur création. C’est une idée prometteuse, surtout dans la finance décentralisée (DeFi), mais qui n’est pas encore très répandue. Cela nécessite un dialogue renforcé entre développeurs, juristes et autorités publiques.

À ce titre, la coopération public/privé sera déterminante pour bâtir un écosystème RegTech fiable, équitable et durable. Une régulation trop rigide freinerait l’innovation ; une absence de cadre créerait de nouveaux risques systémiques.


Structurer des actifs tokenisés

La tokenisation d’actifs ouvre la voie à une nouvelle génération de financements et de circulation de valeur. Mais elle soulève aussi des questions majeures de conformité, en particulier lorsqu’il s’agit de structurer un marché secondaire. Qui peut acheter ? À quelles conditions ? Comment tracer les échanges ?

Les RegTech apportent ici une réponse concrète. En automatisant l’intégration des règles (MiCA, AML, prospectus, KYC…), elles permettent de structurer des écosystèmes tokenisés fiables et scalables. Cela vaut autant pour l’émission que pour la revente d’actifs numériques. Dans une logique « compliance by design », elles garantissent que chaque étape du cycle de vie d’un token respecte un cadre réglementaire clair, sans complexifier l’expérience utilisateur.

Accompagner les levées de fonds

Lever des fonds via des tokens ou des véhicules digitaux demande plus qu’un bon pitch : cela implique de structurer un projet solide, compréhensible, et conforme dès le départ. Cadrage juridique, rédaction de la documentation, conformité AML/KYC, création d’un environnement « investor-ready » : chaque étape compte.

C’est là que les RegTech peuvent jouer un rôle clé. En associant conseil stratégique et outils opérationnels, elles accompagnent les porteurs de projets à sécuriser leur levée de fonds, qu’elle soit privée, publique ou tokenisée. Le tout en assurant une conformité fluide, sans freiner la dynamique du projet.

Gérer la conformité dans la finance décentralisée

Les protocoles DeFi font face à un double enjeu : maintenir une logique décentralisée tout en respectant des exigences réglementaires croissantes. Les RegTech peuvent intégrer des mécanismes de vérification automatisée (KYC/AML), de scoring de portefeuille, ou encore d’alerte sur les transactions suspectes — sans compromettre la structure du protocole.

Créer des infrastructures modulaires pour institutions et fintechs

Banques, néobanques, plateformes Web3, toutes cherchent à intégrer des briques de conformité sans reconstruire leur architecture. Les solutions RegTech permettent d’intégrer des modules via API, de la vérification d’identité au reporting réglementaire, rapidement, et en toute sécurité

Use CaseObjectif principalSolutions RegTech mobilisées
Structuration d’actifs tokenisésAssurer la conformité d’un projet tokenisé sur toute sa durée de vieAutomatisation des règles (MiCA, AML, KYC…), compliance by design
Accompagnement des levées de fondsStructurer juridiquement et réglementairement une levée de fonds Web3Cadrage réglementaire, outils AML/KYC, documentation « investor-ready »
Conformité dans la finance décentralisée (DeFi)Maintenir la conformité sans nuire à la décentralisationKYC/AML automatisé, scoring portefeuille, alertes transactionnelles
Infrastructures modulaires pour institutions et fintechsIntégrer des briques de conformité sans refondre toute l’architectureModules API-ready : KYC, vérification d’identité, reporting réglementaire

Voici des exemples, non exhaustifs, de cas concrets qui répondent à des enjeux complexes de la finance digitale et du Web3 :

Structuration d’un STO (Security Token Offering) pour un fonds d’investissement

Objectif : Permettre une levée de fonds conforme via des tokens de type security, en respectant les obligations réglementaires en vigueur.
Solution : Structuration juridique complète, cadrage technique, rédaction de la documentation et coordination avec les investisseurs institutionnels.
Exemples : Fonds spécialisés, véhicules d’investissement alternatifs, projets immobiliers tokenisés.

Intégration de la blockchain dans les services d’une banque privée

Objectif : Moderniser l’infrastructure sans rupture opérationnelle, tout en respectant les contraintes réglementaires européennes.
Solution : Intégration d’une couche blockchain pour la traçabilité et l’authentification documentaire, accompagnement conformité et stratégie.
Exemples : Banques privées, family offices, services de conservation numérique, tous types d’activités nécessitant de la documentation réglementaire…

Structuration réglementaire d’une levée de fonds pour une startup Web3

Objectif : Sécuriser un tour de table tout en rassurant les investisseurs sur le cadre juridique et technique du projet.
Solution : Accompagnement stratégique sur la conformité AML/KYC, rédaction des documents investisseurs et alignement avec les exigences VC.
Exemples : Startups DeFi, plateformes logistiques blockchain, solutions tokenisées.

Formation d’un cabinet d’avocats sur la tokenisation et le cadre MiCA

Objectif : Renforcer la capacité d’accompagnement juridique sur les projets liés aux actifs numériques.
Solution : Sessions de formation sur la réglementation MiCA, les typologies de tokens, les enjeux de conformité et la structuration d’actifs sur blockchain.
Exemples : Cabinets d’affaires, practices crypto, avocats fiscalistes ou corporate.

Tokenisation d’un bien immobilier pour une vente fractionnée

Objectif : Permettre à des investisseurs d’acquérir des parts d’un actif immobilier sans passer par les circuits notariaux traditionnels, avec redistribution automatisée des revenus.
Solution : Tokenisation des parts via smart contracts, gestion automatisée des flux financiers (loyers, dividendes), intégration KYC côté investisseur.
Exemples : Promoteurs, plateformes de co-investissement,…

Optimisation d’une supply chain grâce à une blockchain privée logistique

Objectif : Suivre en temps réel la provenance et le transit de marchandises sensibles (matériel médical, composants critiques, pièces industrielles).
Solution : Enregistrement horodaté sur blockchain privée, smart contracts pour gérer les accès aux données selon les rôles, conformité RGPD embarquée.

Gestion automatisée d’un programme d’incitations (bonus, primes, dividendes)

Objectif : Fluidifier la distribution de primes à des franchisés, partenaires ou collaborateurs sur la base de critères prédéfinis.
Solution : Smart contracts exécutant les versements dès validation des conditions, avec vérification via oracles ou intégration ERP.
Exemples : Réseaux immobiliers, assurances, programmes B2B fidélité.

Certification de formations professionnelles sur blockchain

Objectif : Garantir l’authenticité des diplômes et tracer le parcours de formation dans des contextes réglementés.
Solution : Enregistrement des certifications sur blockchain privée, module de vérification en ligne accessible aux recruteurs et partenaires.
Exemples : Santé, droit, industrie, cybersécurité, finance,…


À l’image des FinTech qui ont modernisé la banque, les RegTech (technologies réglementaires) redéfinissent la manière dont les entreprises abordent la conformité. Et avec l’appui du consulting et l’émergence de technologies comme la blockchain, elles amorcent une nouvelle manière de penser la conformité : elle n’est plus une contrainte, mais une infrastructure.

Et si demain, réguler devenait une fonction on-chain ? La frontière entre droit, technologie et stratégie n’a jamais été aussi fine. À mesure que les institutions financières s’adaptent, la conformité pourrait bien devenir un avantage compétitif. Encore faut-il savoir la programmer.


Découvrez notre podcast complet sur MiCA avec nos experts !

Vous souhaitez en savoir plus sur la réglementation MiCA et son impact sur le marché des crypto-actifs ? Regardez notre podcast exclusif avec Harry Lars Ghillemyn, avocat à la Cour chez Woud Law Firm, où nous explorons en profondeur les principaux défis de cette nouvelle réglementation et les stratégies de conformité.

🎧 Regardez l’épisode complet sur YouTube : 🔗 Regarder le podcast

Sources :

💬 Abonnez-vous dès maintenant pour être au courant des dernières réglementations sur les cryptomonnaies et des tendances Web3 !

🔗 Nos liens sociaux